mardi 24 novembre 2009

Jugement


Un résumé carrément pas résumé

Le navire commençait à prendre l’eau de toute part et désormais les pirates ne cherchaient plus à prendre des vies mais à sauver la leur.
Siam continuait d’en faucher à tour de bras, une lueur frénétique dans le regard, faisant payer à tous ceux qui se croisaient son chemin les exactions dont elle avait été victime une semaine durant.
Son frère dut presque la forcer à rejoindre une autre embarcation où les attendaient déjà leurs compagnons. Dark Maria, qui maintenait toujours son sort de localisation, les enjoignit à la plus grande hâte.
« Le temps presse », asséna-t-elle. « Il faut empêcher mon père de s’emparer des œufs du kraken. ».
Guidés par la drow ils se dirigèrent donc vers l’île de corail, nouvellement émergée.
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Pendant ce temps, Deren tentait de déchiffrer le journal de leur ancien bourreau. Il finit bientôt par trouver la logique de cryptage des écrits qui y étaient consignés. Ils relataient la nécessité pour les drows de s’assurer d’un soutien maritime extérieur pour garder le contrôle de Crom Calaamar, eux-mêmes ne disposant pas de réelle flotte. Il racontait également sa prise de contact avec différents groupes de pirates (avec une mention succincte sur la naissance de Dark Maria) dont les Sea Harriers, la difficulté à s’en faire respecter et la frustration qu’il en concevait, ainsi que sa découverte de la pierre de Myrzuk, un des trois artefacts pouvant lui permettre de ramener l’île engloutie à la surface.
Ainsi cette histoire de bannissement de Revekhal n’était qu’une couverture…
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Les aventuriers avaient atteint l’île et posé pied à terre. Deren, comme à son habitude, se fondit dans les ombres, précédant ses compagnons de quelques foulées. Progressant rapidement, ils ne tardèrent pas à rencontrer des gardes homarides. Ceux-ci ne manifestaient pas d’agressivité à leur égard et, lorsque l’espionne elfe se présenta comme membre du Haut Conseil de Xoth Sarandi, acceptèrent même de répondre à leurs questions.
D’autres créatures, à forme de poulpe cette fois, les rejoignirent, et les prévinrent qu’ils pouvaient aller et venir à leur guise sur l’île, à une exception près : le Hall des Ames, cœur de la Cité, interdit à tout être vivant.
Tous furent pris du pressentiment que c’était précisément là où comptait se rendre leur adversaire. Ils se remirent donc en route sans plus tarder, accompagnés d’un des gardes et, lorsqu’ils arrivèrent devant les portes de la salle, virent leurs soupçons confirmés : celles-ci avaient littéralement été éventrées par un sort.
A l’intérieur, des bruits de combat se faisaient entendre.
Les Starborns s’apprêtaient à s’engouffrer dans la brèche lorsque le garde leur réitéra son avertissement : nul être vivant ne devait pénétrer ces lieux.
Il ne tenta toutefois pas de s’interposer lorsqu’ils outrepassèrent ses directives. Ils se rendirent alors compte qu’il s’agissait d’un golem, agissant comme il était conçu pour le faire : il était là pour avertir mais, en temps que représentants des Elfes, il ne pouvait les empêcher d’entrer.
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La salle était immense et sombre, faiblement éclairée d’une lumière malsaine. Les murs de corail semblaient comme souillés d’une substance poisseuse et luisante. Au fond de la salle, on pouvait distinguer péniblement deux ouvertures. Les bruits venaient de celle de gauche. Maria s’avança avec une froide détermination dans les yeux, brûlant elle aussi de se venger. Deren, toujours invisible, lui emboîta le pas, imité par ses frères d’armes. Il ne put s’empêcher de penser qu’elle était belle, même avec ce regard. Surtout avec ce regard, d’ailleurs.
Alors qu’ils progressaient, prêts à en découdre, un rayon jaillit du fond de la pièce en direction du drow. Ce dernier ne l’évita que par pur réflexe.
Une grosse sphère métallique roula vers le groupe et s’immobilisa devant eux. De multiples tentacules en jaillirent alors qu’une sirène se mettait à retentir.
« Maudits ! », souffla le voleur. « Nous avons omis de regarder où nous fichions nos sales pieds ! »
Pour être plus précis, il avait oublié de regarder.
Il se retourna juste à temps pour voir que Maria n’avait à aucun moment ralentit le pas et s’apprêtait à s’engouffrer dans le passage de gauche. Pendant ce temps, ses amis engageaient le combat avec la créature mécanique. Devait-il suivre la demie-drow ou les aider ? Il devait faire un choix. Et vite.
Ce fut celui de la confiance en la force de ses camarades, qu’il avait vu triompher d’ennemis autrement plus imposants. Sans un bruit, il partit à la suite de la Caldrazienne.
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Lorsqu’il la rejoignit, il vit l’origine du fracas des combats : Revekhal était aux prises avec une autre sphère métallique, accompagné par trois capitaines des Sea Harriers. De nombreux cadavres de leurs confrères jonchaient déjà le sol. Chose curieuse, certains pirates se combattaient entre eux.
Ca sentait mauvais. Très.
Il arrêta Dark Maria qui s’apprêtait à prendre part à l’affrontement.
« Attends un peu. Ca fait pas mal de menaces à gérer en même temps. Voyons si certaines n’auraient pas la bonne idée de s’entretuer, ça nous faciliterait le travail ».
Maria haussa les épaules pour manifester sa frustration, mais finit par écouter son congénère. Elle se dissimula à son tour et sortit une petite boîte de son havresac dont elle tira une étrange boule qui semblait vivante, pour la placer sur un carreau d’arbalète. Elle n’attendait plus que le signal de l’assaut, bien décidée à abattre son géniteur… Mais elle ferait en sorte qu’il souffre avant. Qu’il souffre beaucoup.
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La grande salle était désormais également le théâtre d’un combat acharné. Regdar et Dinafaë avaient été paralysés et regardaient, impuissants, les paladins lutter seuls contre la sphère.
Celle –ci semblait encaisser les coups sans broncher, et ripostait en lançant des rayons vers les serviteurs d’Umbel. Siam venait d’être frappée de plein fouet par l’un d’eux. Ses pensées se brouillèrent instantanément, comme balayées par un souffle de confusion.
Elle regarda autour d’elle, ne sachant que faire, ne reconnaissant plus ses amis de ses ennemis. Que faisait-elle seulement là ?
Edwin, frappé à son tour, sentit lui aussi ses facultés intellectuelles lui échapper. Puis il ne se rendit plus compte de rien. En fait il ne comprenait plus rien, ni qui il était, ni quelle était sa quête, ni qui ils traquaient. Il n’aurait plus su tenir le moindre raisonnement, ni procéder à la plus simple des additions. Il savait par contre que le truc brillant devant lui voulait lui faire du mal. Il allait taper dessus jusqu’à ce que le truc brillant arrête.
Regdar, quant à lui, toujours paralysé, sentit à l’intérieur de lui une petite voix pernicieuse, insidieuse, d’abord chuchotant, puis prenant peu à peu de l’assurance :
« Laisse-moi le contrôle. Fais-moi confiance. Je vais te sortir de là…
- Dégage. Je sais pas qui t’es, mais DEGAGE de ma tête !
- Sale butor. Je me demande pourquoi je prends la peine de parlementer avec un animal pareil. Tu vas me laisser le contrôle. Maintenant. »
Le corps du barbare fut comme pris d’un spasme alors qu’un autre esprit venait d’en prendre possession, celui d’un mage dont l’âme noire était confinée depuis des siècles. Il retrouva sa liberté de mouvement, le regard mauvais.
Siam fut bientôt elle aussi possédée.
Tous deux se tournèrent alors vers Edwin et déchaînèrent leurs sorts maudits sur le paladin.
Dinafaë, n’ayant pas remarqué ce renversement de situation avait trouvé un moyen d’endommager magiquement la sphère qui commençait à se fissurer.
L’énergie caractéristique d’un sortilège de dissipation balaya soudain la pièce, la privant de ses protections magiques. Mais cela voulait aussi dire que ses amis pouvaient de nouveau bouger !
Elle se retourna vers eux avec un sourire de soulagement mais ce qu’elle vit la glaça d’effroi. Ses trois compagnons la dévisageaient l’arme à la main, l’air peu amène. Elle comprit tout de suite qu’ils n’étaient plus eux-mêmes. Elle sut également qu’à quatre contre un, elle n’avait aucune chance.
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Dans l’autre pièce, Revekhal avait apparemment lui aussi été possédé car il venait de se retourner en direction de Maria, commençant à psalmodier, alors que certains capitaines se combattaient encore.
Deren réagit immédiatement, se frayant un chemin vers le mage et, le prenant à revers, lui asséna le coup le plus violent dont il était capable en y mettant toute la force de son bras, le pouvoir de sa fidèle Dhaerowbane qu’il avait spécialement préparée pour un tel affrontement et en y déversant toute sa haine.
Revekhal (ou tout du moins son enveloppe corporelle) fut plié en deux par la violence du coup, une plaie béante s’ouvrant entre ses omoplates, son incantation brisée. Il tenait néanmoins encore debout et fit mine de se retourner pour faire face à son agresseur lorsqu’un carreau vint se ficher dans sa nuque. L’étrange boule qui y était fichée s’anima et s’engouffra instantanément dans la plaie. Le drow porta la main à son cou, l’air terrorisé. Les muscles de son corps commencèrent à se contracter et il s’effondra, rigide comme le corail des murs alentour.
Dinafaë tentait de congédier les âmes hostiles des corps de se compagnons, sans trop du succès. Ils s’approchaient inexorablement, se préparant à l’achever. Ses protections envolées, ses sorts épuisés, elle se trouvait sans défense. Elle adressa une prière muette à sa déesse, s’apprêtant à la rejoindre. Celui qui contrôlait Regdar commença à lever sa hache quand il s’arrêta, stupéfait.
En fait, tous s’arrêtèrent.
Le corps d’Edwin semblait se nimber d’une aura lumineuse. Ses insignes, les insignes du dieu Umbel brillaient de mille feux, et l’intensité ne faisait que croître. Soudain comme tombée des cieux et traversant la voûte de la salle la lumière l’engloba tout entier. L’atmosphère semblait chargée d’énergie pure, un grondement sourd couvrant jusqu’aux cliquetis de la sphère.
Un hurlement strident s’échappa de la colonne de lumière, se faisant entendre malgré le bruit ambiant. La lumière s’arrêta alors.
Edwin, les yeux clos, était entouré d’une aura d’énergie dorée, ses insignes continuant de briller de la même teinte.
Il dégageait une impression de puissance si formidable que tous étaient figés. Sa présence semblait emplir la pièce toute entière. Lorsqu’il ouvrit les yeux, ceux-ci se révélèrent comme semblant d’or liquide pur.
D’une voix à la fois familière et pourtant si différente il dit d’un ton sans appel :
« Je suis Umbel. Justice va être rendue. »
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Inconscient de ce qui se passait hors de ce qui semblait être un laboratoire, Deren contemplait le visage tétanisé de Revekhal d’un air satisfait.
Il en avait presque oublié la sphère qui s’approchait de lui. Presque. Du coin de l’œil, il constata que les trois capitaines encore debout, l’un d’eux d’ailleurs en piteux état, avaient cessé de combattre et le dévisageaient, un sourire cruel aux lèvres.
Il évita les tentacules métalliques du gardien mécanique, et, ce faisant, il remarqua un détail étrange : la sphère possédait en son sein un compartiment translucide où on pouvait deviner des formes sombres et ovoïdes. Esquivant une nouvelle attaque il parvint à l’ouvrir d’un coup d’épée, révélant quatre œufs dont la coquille avait l’apparence noirâtre d’une roche volcanique.
Les âmes parasites venaient de là, il en était certain. Et pour valider son hypothèse, il fracassa le premier à sa portée.
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Les mages contrôlant Regdar et Siam s’échangeaient des regards inquiets, comprenant que la situation leur échappait. Qu’autant d’enveloppes corporelles à la fois aient pénétrés dans le Hall des Ames, après tant de siècles de captivité, avait été inespéré. Mais ils n’avaient vraiment pas prévu de se trouver face à un Avatar divin. Un Avatar d’une divinité loin de leur être favorable, qui plus est.
Comme si elle avait décelé leur hésitation, la sphère attaqua l’incarnation divine, les tirant de leur réflexion. Le paladin n’esquissa pas le moindre geste de défense lorsque les tentacules l’enserrèrent en délivrant de mortelles décharges électriques.
Il ne sembla pas en être affecté de quelque manière que ce soit. D’un coup d’épée presque machinal il balaya les tentacules, fissurant au passage la sphère qui se replia aussitôt. Il ne quittait pas le barbare et la paladin des yeux.
Ceux-ci se jetèrent sur lui avec une force où l’on sentait poindre le désespoir.
Tendant la paume vers sa sœur, Edwin sembla se concentrer un fugace instant. Il cligna simplement des yeux et le corps de Siam fut comme pris dans une tempête invisible. Un autre hurlement d’outre-tombe se fit entendre, plus fort encore que le précédent, et cette fois Dinafaë comprit d’où il venait : une nouvelle âme parasite venait d’être annihilée. Le corps de Siam tomba tel un pantin désarticulé.
Regdar porta un violent coup de hache à l’Avatar qui ne chercha pas à esquiver. Son armure encaissa le coup sans la moindre égratignure. L’incarnation divine tendit de nouveau la main. Le barbare, à son tour, s’affaissa devant une Dinafaë médusée.
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La lumière. Douce, chaude, rassurante. Siam ne s’était pas sentie autant en sécurité depuis… depuis toujours, en fait. Elle se sentait… comme dans le ventre de sa mère, pour autant qu’elle puisse se l’imaginer.
Plus de peur. Plus de colère. Plus de douleur.
Une voix qui ressemblait par certains aspects à celle de son frère mais en plus puissante, plus autoritaire, plus paternaliste aussi dans un sens, se fit entendre.
« Enfant… Tu as été jugée.
- Umbel ? » Elle sentait que quelque chose de grave venait d’arriver, et pourtant elle n’en concevait nulle frayeur. « Est-ce vous, Seigneur ? »
- Je suis bien celui que tu as juré de servir, sur ta vie. Mais tu n’as pas suivi mes préceptes, hélas. Tu as laissé ton jugement s’obscurcir par la soif de vengeance.
- Que m’est-il arrivé ?
- J’ai banni de ton corps les âmes qui n’étaient pas dignes de me représenter. Las, la tienne ne s’est pas révélée assez pure, assez droite pour y survivre.
- Je suis morte, alors ?
- Si tu parles de ton existence terrestre, oui. Mais si tu t’es égarée, tu m’as toujours servie avec dévotion. J’ai sauvé ton âme. Tu vivras pour l’éternité à mes côtés, en récompense de ta foi et de ton dévouement. Umbel accorde la gloire éternelle à ceux qui lui vouent leurs vies. C’est l’accomplissement et le sacrifice suprême auxquels tous mes serviteurs aspirent, pour lequel ils se sont préparés depuis qu’ils m’ont juré fidélité.
- Je suis prête, Seigneur, » souffla Siam avec la plus grande sérénité.
- Qu’il en soit ainsi. »
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Regdar n’aimait pas la lumière qui l’entourait. Bien trop aveuglante à son goût. Il ne savait pas où il était, du reste. Et il n’aimait pas ça non plus.
« Quel est le sens que tu donnes à ta vie ? » La voix qui se faisait entendre était dure, sans émotion. Elle n’avait pas l’air de plaisanter en tout cas.
- Qu’est-ce que j’en sais, moi » grommela le barbare. En voilà une question !
- Tu ferais bien d’y réfléchir. Et dès maintenant. Quel sens comptes-tu donner à ta vie ? » La voix semblait plus dure encore. Et peut-être un peu impatiente.
- J’ai une mission, » finit par dire Regdar. « Je l’accomplirai. Et j’abattrai tous ceux qui se dresseront sur ma route.
La voix sembla réfléchir quelques instants. Ou était-ce une éternité? Ca traînait en longueur en tout cas. Qu’elle se magne un peu !
- Bien, » reprit la voix. « Ta mission est celle de mon serviteur, aussi je t’épargnerai. Néanmoins, tu devras tout faire pour qu’il puisse triompher, et tu devras toujours garder à l’esprit que désormais tu es également à mon service, jusqu’à ce que ta tâche soit accomplie.
- Quoi ? Vous plaisantez j’espère ? Je suis au service de personne moi, je…
- Maintenant, va. »
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Regdar s’entendit hurler « Non mais qu’est-ce que… » avant de s’interrompre, et d’ouvrir les yeux. Plus de lumière blanche. Il était de retour dans la pièce qui puait le poisson pourri, et dans son corps qui plus est.
Il se redressa, cherchant encore à comprendre ce qui lui était arrivé. Par contre il pouvait constater une chose : il se sentait bien. En pleine forme. Toutes ses blessures avaient disparu, il se sentait presque… comme neuf. Même le cor au pied qu’il se traînait depuis une demie-lune avait disparu. La seule douleur qu’il ressentait provenait de son front. Il ressentait une vive brûlure dont il ne pouvait déterminer l’origine.
Il jeta un œil autour de lui. Non loin, Siam gisait à même le sol. Son visage était d’une pâleur extrême mais exprimait l’apaisement, le bien-être.
Dinafaë le dévisageait d’un air méfiant.
« Regdar ? C’est bien toi ?
- Et qui voudrais-tu que ce soit hein ? Qu’est-ce que vous avez tous avec vos questions débiles aujourd’hui ? »
Cette réponse sembla satisfaire la prêtresse qui se détendit.
Edwin, quant à lui, suivait la sphère métallique qui tentait de rejoindre dans de sinistres grincements de métal broyé la salle de droite. Il semblait toujours habité par l’esprit de son dieu.
Ses deux compagnons le suivirent jusque ladite pièce, stoppant net à l’entrée, interdits.
Des dizaines d’âmes errantes volaient en hurlant dans la pièce, cherchant un corps à s’approprier, tandis que des centaines d’œufs, certains brisés, jonchaient le sol. Quelques âmes tentèrent de s’en prendre à Edwin ; bien mal leur en prit : elles furent dissoutes en de lancinantes complaintes.
L’Avatar leva alors son épée au dessus de sa tête et prit une longue inspiration.
Son aura sembla exploser.
A nouveau l’air fut comme saturé de lumière et les compagnons, aveuglés un instant, durent se protéger les yeux pour comprendre ce qui se passait.
Les âmes errantes étaient en train d’être désintégrées toutes à la fois. La cacophonie de leurs cris d’agonie était à rendre fou le plus sage des chanoines. Cependant, elle fut bientôt couverte par un nouveau grondement, plus concret celui-là.
La voûte était sur le point de s’effondrer.
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Deren n’avait pu constater aucun changement après la destruction de l’œuf. Dépité, il attendait de pied ferme que les capitaines possédés se jettent sur lui, lorsque la première secousse se fit sentir.
Les pirates semblèrent surpris et, profitant de cette opportunité, le drow passa à l’action, transperçant de son épée l’adversaire le plus proche de lui.
Presque simultanément, un carreau abattit un second ennemi. Le survivant, se trouvant en infériorité numérique voulu s’enfuir mais Dhaerowbane fit une nouvelle victime.
« Allons nous-en, Deren », suggéra Dark Maria qui gagnait déjà la sortie.
- Une petite minute », protesta le drow en se jetant avidement sur le cadavre de Revekhal. Rien n’aurait pu l’empêcher de fouiller le magicien, eût-il risqué d’être enseveli vivant.
Une seconde secousse, plus forte, fit se détacher quelques pans de corail qui tombèrent à moins de trois pas du voleur.
« Une toute toute petite minute ».


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Le plafond s’écroulait de toute part et tous les aventuriers, hormis Edwin, étaient sortis de la salle, Regdar emportant le cadavre de Siam.
Quelques secondes avant que la pièce ne s’effondre totalement, le paladin reparut.
Il n’était plus entouré du moindre halo doré, et ses yeux semblaient avoir retrouvé leur couleur habituelle. Il semblait un peu perdu.
Son étonnement crût encore lorsqu’il vit sur le front de Regdar l’empreinte magique d’une balance, symbole du Dieu Umbel.
Enfin, son regard tomba sur la dépouille de sa sœur et ses yeux s’embuèrent de larmes.
Il allait demander des explications lorsque Dinafaë l’interrompit d’un « Plus tard. » Il acquiesca et suivit sans mot dire ses compagnons qui reprenaient déjà le chemin du navire.
L’île entière tremblait désormais, commençant lentement à s’enfoncer à nouveau dans l’océan.
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Maria et Deren fermaient la marche, silencieux également. La jeune femme arrêta le roublard en lui prenant le bras. Elle souriait.
« J’en ai fini ici, » dit-elle d’une voix douce. « Nos chemins se séparent. » Le drow eut un air déçu qui la fit sourire encore plus. « Néanmoins, » ajouta-t-elle, « je ne saurai exprimer toute la gratitude que j’ai envers toi pour m’avoir permis de me venger. Enfin.
- Je vois quelques façons de l’exprimer, moi, au contraire…
- Tu n’as pas eu assez d’action aujourd’hui ? » Elle le regardait d’un air faussement désapprobateur.
- Pas de celle que j’envisage, non.
- Ta route est encore longue et ta… récompense… devra attendre. Néanmoins si tes pas te ramènent vers Crescent City sache que ma demeure te sera toujours ouverte et mon hospitalité à la hauteur de ma reconnaissance. Reconnaissance dont voici un acompte. »
Elle lui tendit un anneau d’or fin, finement ouvragé, une flamme stylisée semblant incrustée dans le métal.
« Cet anneau te permettra d’invoquer un Efrit qui doit un Souhait à son maître. » Les yeux du voleur s’écarquillèrent comme s’il voyait la prêtresse avec une barbe. « Ne le gâche pas pour un vœu futile et, » elle se rapprocha de lui et lui déposa un rapide baiser sur la joue, « au plaisir. Vraiment. »
Elle se volatilisa avant que Deren eut le temps d’esquisser le moindre geste, le laissant seul et regardant béatement l’anneau de son amie.
« Allez courir après une fille qui se téléporte », grommela le drow en haussant les épaules.
Puis il mit l’anneau à son doigt et rejoignit ses compagnons sur le navire, contemplant tous ensemble l’île rejoindre les abysses.

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