Des Serpents et des Couleuvres

Le soleil vient de se coucher, une nuit bien ordonnée s'annonce. Le chevalier Rudolf Von Axen pour vous servir.
Je me lève de mon cercueil pour entamer ma nuit. Une vérification des dîmes perçues par mes paysans m'attend ainsi que la juste répartition avec mon seigneur local : le prince Loclas. En tant que chef de l'ordre de chevalerie teutonique de Saint Jean d'Acre, j'ai le devoir d'assurer la protection et la gestion des terres entourant la ville. C'est avec fierté que j'ai participé à sa conquête des années auparavant et c'est ce qui m'a valu d'être transformé en un Vampire du grand Clan Ventrue.
A mon réveil, un serviteur vient me trouver pour m'apporter une missive dans laquelle le Prince Loclas demande ma présence séance tenante. Le connaissant, cette convocation n'augure rien de bon pour mes affaires mais l'étiquette m'oblige à me rendre auprès de lui.

Dans l'heure je me rends au palais du prince où je suis reçu avec les honneurs. Le ton vient vite à changer. Le Prince après avoir fait un bref résumé de mes exploits rentre dans le vif du sujet. Il adore reprendre les exploits pour mieux rabaisser la personne. Un spectacle que j'ai eu maintes fois l'occasion de voir mais également de subir. Un vampire est mort sur mes terres ! Alors qu'elles sont sous ma protection ! Tué par un Gangrel (d'après les marques trouvées sur le corps)! Qui loge sur mes terres également sans que je le sache ! Effectivement de quoi prendre un savon. Bien que s'il me donnait davantage de moyens... Enfin la question n'est pas là...
Suite à cette remise en place devant le beau monde, il me convoque dans son cabinet privé. Le ton change et se montre plus courtois. Ahhh l'étiquette... Il m'annonce que la victime est un Tremere qui devait venir à Saint Jean d'Acre pour "affaires" et apparemment on lui a dérobé un collier de pierres bleues. Des témoins de la mort du Tremere ont été récupérés et un Vampire nommé Artesyos pourra me donner davantage de détails sur la victime car ils avaient rendez-vous. L'enquête doit être vite résolue car dans trois nuits, le Prince fête son jubilé pour son ascension au trône de Saint Jean d'Acre et il veut tout soit parfait. Je dois lui ramener un coupable !
Je suis affublé de deux assistants dans cette enquête. Un Brujah, le garde du corps d'Artesyos, de grande carrure et avec des manières douteuses répondant au nom d'Onix et une nonne très attirante du nom de Catherine de Castille qui a prévenu le Prince et récupéré les témoins.
Je décide d'aller voir Artésyos pour avoir quelques informations. La scène dont nous sommes témoins est assez comique au vu des personnages. Le Sire du Brujah est en total contraste avec son Infant. Son Sire lui reprochant ses incessantes interruptions, ce n'est pas la première fois qu'il le dérange et apparemment nous sommes de meilleures présentations que certaines des connaissances du Brujah beaucoup plus axé sur les bordels. Artésyos est un vampire très courtois répondant à mes différentes questions. Il est embarrassé par mes questions sur le collier mais je n'obtiens pas d'informations très probantes.
Nous décidons d'aller voir les témoins qui sont pour le moment au couvent de Catherine. Elle est capable de lire dans les pensées et fera en sorte de sortir les informations qu'un mortel n'aurait pas nécessairement relevées. A notre arrivée on apprend que l'un des trois témoins est reparti chez lui. Nous interrogeons les témoins sans obtenir d'informations intéressantes mais Catherine connait avec précision l'emplacement du décès du vampire. Nous relâchons nos "innocents" (des braconniers tout de même !) qui commencent déjà a créer un nouvelle histoire locale démoniaque.
Onix cherche a savoir où crèche le troisième larron car il semble que c'était lui le chef de la bande. Il loge dans les quais et nous n'avons pas trop de problèmes pour trouver sa demeure. Apparemment la maison est vide et suite au tapage (suite à mon annonce pour qu'il ouvre la porte) que l'on fait le voisin nous interpelle. Il a quitté sa demeure dans l'après-midi avec un gros sac de voyage. Nous le remercions et cherchons à entrer dans la demeure. La tentative d'Onix n'étant pas couronnée de succès, j'opte pour une entrée moins délicate. Un bon coup dans le bois de la fenêtre la fait s'ouvrir et Catherine et Onix rentrent (ce dernier se rince bien l'oeil sur le postérieur de la demoiselle), moi-même faisant le guet. J'aperçois le voisin en train de nous observer. Je lui intime de retourner se coucher en m'aidant un peu de mes pouvoirs de suggestion, le mortel obtempérant sans résistance. Mes compagnons m'appellent, ils ont trouvé une missive qui donne rendez-vous à Benhyamin au Val des Pèlerins maintenant que sa mission est accomplie. La lettre est cachetée d'un "S" qui fait penser à un serpent.
Se rendre au Val des Pèlerins va nous prendre pas mal de temps et la nuit est déjà bien avancée. Nous décidons de nous séparer pour finir ce que l'on veut faire cette nuit et préparer notre voyage vers le Val des Pèlerins. Je dois me rendre au Palais et voir avec le Prince pour qu'il nous convoie vers Dalla, le village le plus proche du Val pendant qu'Onix et Catherine se rendent sur les lieux du décès. Une enquête minutieuse nous apprend que les traces laissées sur place laissent croire à une mise en scène cherchant à incriminer un Gangrel.
Mon entrevue avec le Prince ne plaît pas trop à ce dernier qui laisse entendre que je complique une histoire pourtant très simple mais accède à ma demande de convoi à destination de Dalla, mais non sans nous adjoindre une aide supplémentaire : le docteur sadique qui a autopsié le corps du vampire. Son air me laisse interrogateur sur l'état de son mental. J'ai le sentiment que le Prince veut me compliquer la tâche parce que je lui complique l'enquête.

Notre arrivée à Dalla se fait sans histoire. Nos gardes ne sont pas très rassurés par les lieux. Il est vrai que les mortels ne fréquentent pas trop les cimetières, surtout de nuit. Des légendes de tous genres courent sur ces endroits et certaines d'entre elles sont vraies, nous en sommes la preuve vivante.
On se dirige vers le seul édifice a peu près solide de l'endroit : la taverne. Nous avons besoin d'informations pour nous rendre au Val des pèlerins car nous sommes bien trop loin de mes terres pour que je les guide. Notre arrivée à la taverne ne passe pas inaperçue. Il est vrai que deux hommes d'armes dont un chevalier, une nonne superbe et un savant fou ça fait tache dans le décor de bouseux où nous nous trouvons. Je garde mes distances avec ces gueux afin d'éviter tout contact impropre. Je n'ai pas envie de me nettoyer toute la nuit... Onix demande son chemin à l'aubergiste qui semble ne pas comprendre pourquoi on veut se rendre là-bas... La discussion tourne en rond et a le don d'énerver notre ami docteur qui exprime sa pensée sur leur nature de gueux assez fort. Un colosse de paysan ne semble pas apprécier, venant lui réclamer des comptes. Nuos calmons un peu la situation et partons avant que nous ne transformions cette auberge en bain de sang ce qui n'aurait pas déplu à notre Doc.
En sortant nous sommes interpellés par un enfant, un enfant de la rue, nullement intimidé par notre groupe insolite. Il m'interpelle en nous demandant de le suivre car le maître des lieux trouve discourtois qu'on ne se soit pas présentés à lui. Je me plie à l'étiquette et nous suivons le gamin, sur nos gardes. Il nous ramène au cimetière puis dans un mausolée. Le gardien des lieux, un Gangrel très imposant, s'informe de la raison de notre venue puis nous laisse entrer dans un gigantesque bordel. Il y en a pour tous les goûts et ça ne semble pas échapper à notre Doc qui disparaît de notre groupe pour rejoindre les bras d'une des "hôtesses" des lieux. Notre Brujah arrive à se contrôler mais la tentation fait briller ses yeux de mille éclats. Catherine et moi-même traversons cet endroit en nous montrant digne même, il faut l'avouer, si toutes les personnes présentes n'ont que faire de notre présence. Le gamin nous conduit au fond du mausolée où de lourds rideaux assurent l'intimité du maître des lieux. Une voix efféminée nous invite à entrer. Armand est un homme très extraverti qui ne cache pas son bon plaisir en nous reluquant moi et Onix et semble ne pas être insensible à notre charisme "martial". Nous l'informons de la raison de notre présence en éludant les détails. "Nous sommes missionnés par le Prince Loclas et nous allons au Val des Pèlerins". Rapide et concis. Cependant cette visite à Armand ne nous a rien appris mais plus grave nous a fait perdre un temps précieux.

Nous nous rendons rapidement vers le Val des Pèlerins. Une heure plus tard, à notre arrivée nous remarquons un cheval éventré, des traces ensanglantées nous indiquent le chemin à suivre. Nous observons du mouvement et une voix nous crie de nous depêcher si l'on veut qu'il survive. Un autre enfant se tient à côté d'un homme qui rend ses derniers soupirs. L'enfant est clairement un Caïnite dans sa façon de s'adresser à nous et semble savoir qui on est. Catherine s'occupe du blessé pendant qu'Onix cherche des traces. J'en profite pour discuter avec l'enfant. Elle se prénomme Colombe. A son allure, c'est une Gangrel. Elle était sur la piste de cet homme aussi suite à une attaque sur elle. Elle a récupéré une lettre qu'elle a trouvée sur le corps de ses assaillants et a suivi la piste jusqu'à nous trouver. La lettre indique l'emplacement du repaire du Gangrel, comment s'y rendre. Cette môme est le Gangrel dont m'a parlé le Prince, celui qui séjourne sur mes terres sans m'en informer... Pas le temps de régler mes comptes avec elle, Onix a trouvé des traces qui nous mènent vers le fond d'une cuvette. On distingue deux types de traces : une légère qui s'efface une fois sur un terrain plus rocailleux et une autre beaucoup plus lourde, les deux dans la même direction.
On continue sur le chemin et une silhouette s'enfuit en nous voyant approcher. Colombe et moi la coursons alors que le Doc et Onix lui tirent dessus avec leurs arc et arbalète. Le Doc se révèle être un tireur d'exception et stoppe net notre fuyard d'une flèche en plein mollet. L'homme s'effondre en gémissant... Un humain... Que l'on reconnait comme étant l'aubergiste de Dalla. Nous l'interrogeons et nous le secouons un peu pour qu'il parle. Pour qui il travaille, ce qu'il fait ici... Les réponses ne tardent pas à pleuvoir. Son maître lui a demandé de le prévenir si des étrangers cherchaient à se rendre au Val des Pèlerins, étant comme nous et accompagné de trois autres personnes de même nature. Il est entouré de suivants qui le servent. Ils lui vouent un culte et son maître est très effrayant. Sa punition va être horrible. Décidément la piste de Setites se confirme. Cependant un malaise m'assaille. Cette façon de faire me semble un peu trop simpliste et les pistes trop directives pour un plan de Setite. De connaissance, ils sont plus subtiles... Peut-être des novices ? Nous assommons notre aubergiste et continuons notre marche en direction de la demeure du Setite. Colombe et le Doc se font nos éclaireurs. Au fil du temps et des compétences dont il font la démonstration, notre Doc me donne plus l'impression d'être un assassin qu'un guérisseur ! Nous entrons dans un caveau alors que le paysage autour de nous est de plus en plus sinistre avec des corps en putréfaction disposés aux alentours.
Nos éclaireurs repèrent des présences au fond du tunnel d'entrée du caveau parlant arabe. On décide d'y aller armes au poing et les arabes nous assaillent. On protège Catherine et le "docteur" qui n'ont aucune prédispositions au corps à corps. Les 4 gardes chargent rapidement alors que je prends tout mon temps pour analyser la situation avant d'entamer le combat. Mais face à nous, les gardes n'ont aucune chance et sont rapidement neutralisés. Je dénote un manque curieux d'efficacité au combat de la part du Brujah alors que Colombe cherche à abattre tout ennemi m'obligeant à intervenir pour éviter qu'elle ne massacre un ennemi déjà neutralisé. On les fouille mais rien de probant, on continue. L'une des deux portes menant à un débarras, nous avançons vers la pièce suivante qui est fermé par une lourde porte en pierre. Colombe l'ouvre en la poussant et se faufile en émettant un grognement en guise de réponse pour la demande d'identification qui venait de l'autre coté de la porte. Cette gosse toute menue peut peut-être passer mais le reste du groupe doit pousser davantage la porte afin de pénétrer dans la pièce. Des bruits de combats résonnent déjà. Elle ne perd pas de temps en pourparlers. Notre arrivée relâche la pression sur Colombe qui était encerclé par deux goules et ce qui semble être un Setite à la manière dont il se bat (se battre avec sa langue est généralement très caractéristique et surtout personne d'autre n'adopterait un style aussi grossier et répugnant). J'entre en contact avec une goule et Onix en prend une deuxième. J'handicape rapidement la première qui rompt le combat pour être remplacé par son collègue. Pendant ce temps, Onix misère avec sa goule et Colombe s'amuse a jouer au chat avec le Setite. Le Doc se charge d'éliminer la goule que j'ai handicapée et je me débarrasse de la deuxième goule tout aussi rapidement, allant prêter main forte à Colombe afin qu'on plonge en torpeur le Setite en lui perforant le coeur. Onix finit par la même occasion sa goule de son côté. Le temps de fouiller la pièce et le Setite qui n'a rien sur lui, quelqu'un achève les goules survivantes. Un autre tunnel est présent et s'enfonce profondément sous terre. On cache le corps du Setite dans une tombe pour ne pas avoir à le transporter et le récupérer au retour. Au bout du couloir une voix s'élève nous invitant à expliquer la raison du saccage de sa demeure. Merde encore des Setites. J'entre d'un pas décidé lui annonçant que je viens châtier un assassin. Dans la pièce, un vieux vampire est assis sur son trône avec de chaque coté deux serviteurs et 4 énormes serpents qui me fixent avec vigilance. Colombe, Onix et le Doc entrent derrière moi alors que Catherine ne semble pas très encline à entrer dans la pièce à la vue des serpents. Le vieux Setite est particulièrement énervé et irrité de notre irruption. Nous nous expliquons, faisant baisser un peu la tension des deux parties. Les accusations enchaînées avec des explications et le partage des indices ne permettent pas d'établir un climat de confiance. Il faut dire qu'après avoir massacré ses serviteurs, on est loin d'être respectables. De plus Setite et confiance ne vont pas ensemble. Cependant je pense qu'il n'a effectivement rien à voir avec notre histoire. Cette conversation laisse très clairement apparaître uque nous avons été les dindons d'une farce pour nous pousser à l'affrontement avec ce vampire. Quelqu'un nous manipule mais dans quel but ? Tenter d'assassiner le Setite pendant notre confrontation ? Nous faire détruire par ce vampire en cas de confrontation ? Nous éloigner de Saint Jean d'Acre peut-être ? Toujours est-il que le Setite préfère couper tout contact avec nous et ne souhaite pas partager la moindre info. On nous ramène vers la sortie. Les couleuvres sont dures à avaler...

Et merde mon plan B pour le prince Loclas avec le Setite en torpeur vient de tomber à l'eau. Il me reste le plan C mais c'est pas gagné...