lundi 6 septembre 2010

Prom'nons nous dans les bois...


- Deren -

Imaginez un endroit déprimant, sinistre et malsain au possible. Oui, le pire de ce que vous puissiez vous figurer. Multipliez cela par dix et vous obtiendrez une description assez fidèle du plan de Noctulus.
Même moi qui avait passé plus de 100 ans dans un monde souterrain infesté d'araignées géantes, je ressentis un sentiment d'abattemment en découvrant le paysage qui s'offrait à nous. Une lande désolée sur laquelle tentait chichement de survivre quelques plantes malingres et contrefaites; un soleil si pâle qu'on le croirait malade, diffusant une pâle lumière blafarde dans un ciel d'un gris de cendre, parcouru par de menaçantes formes ailées.
Et, par dessus tout, cette désagréable (mais familière, en ce qui me concernait) et tenace impression de souillure, comme si vous étiez plongés vivants dans une mixture composée de sang, de liquide séminal et d'excréments d'un homoncule dégénéré. Cela eut pour effet de m'indisposer quelque peu, mais je m'abstenais bien de me plaindre au vu du paladin qui vomissait tripes et boyaux et semblait manquer de s'évanouir à tout instant.

A quelques lieues de notre point d'arrivée nous pouvions discerner les faibles volutes de ce qui semblait un hameau, ce dont nous eûmes la confirmation en nous approchant. Les habitants avaient un tein de craie difficilement obsversable sous une épaisse cousse de crasse. Dans leurs yeux, seul pouvait se lire le désespoir. Ils acceptèrent tout de même de nous renseigner sur ce monde merveilleux et ses environs. Le château de Noctulus était situé plus au Nord, ce qui allait nous obliger, pour nous y rendre, à passer au large d'une forêt sinistre puis devant une nécropole (probablement pas non plus le lieu le plus festif du coin) avant d'atteindre des marais puis, enfin, Noctulus dans son palais dont la forme évoquait sans équivoque le Colosse décrit par Edwin...
Tout un programme. Nous proposâmes notre aide aux paysans mais force fut de constater que la seule manière d'améliorer leur sort eut été de mettre fin à leurs misérables existences.

Chemin faisant nous passâmes, comme l'avaient indiqué les paysans, près de la forêt. Nous ne nous y serions probablement jamais attardé si nous n'avions entendu une voix nous appellant, non loin...
En nous approchant précautionneusement nous eûmes la surprise de découvrir que la voix venait d'un corps démembré et attaché à une potence. Alors que je commençais à siffloter "Always Look At The Bright Side Of Life", le cadavre parlant nous expliqua qu'il avait jadis été un paladin de Caldraza (ce que me confirma l'épée brisée, richement décorée, que je trouvai près de lui), venu il y a bien longtemps pour mettre un terme au mal qui hantait ces lieux (je lui demandai, juste pour être sûr, si sa quête avait tourné comme il le souhaitait. Le malandrin ne me répondit même pas.) Initialement, il voulait occire une bande de sorcières (en tout cas c'est ainsi qu'il les décrivit) qui venaient jusque Caldraza jusque pour voler des âmes de nourrissons et s'en repaître. Vu l'état des grouillots du coin, je comprenais leur goût pour la nourriture exotique, fût-elle spirituelle!

EVIDEMMENT le paladin se proposa spontanément pour l'aider à recouvrer son âme... et puisque le Dragon le suivait comme un ragondin domestique et que Regdar n'avait pas son mot à dire, autant préciser que l'affaire était entendue!
Nous entrâmes donc dans l'hospitalière forêt, dont les arbres à l'apparence à la fois calcinée et purulente et aux formes tourmentées semblaient n'attendre que de fondre sur nous.
Nous ne tardâmes pas à retrouver les créatures maléfiques qui procédaient, en dansant autour d'un vaste chaudron, à quelque rituel démoniaque (envoûtement, dévoration d'âme ou pire, écoute d'un disque de Patrick Juvet à l'envers)...
Avec notre style particulier ("on va tous leur défoncer la gueule!!!!") nous entreprîmes de savantes manoeuvres stratégiques qui résultèrent en un déferlement de pains sur la tronche de notre elfmajguerrier préféré; il faut dire que le pauvre cumulait! non content d'avoir tenté d'approcher furtivement des créatures qui pouvaient voir l'invisible, il avait également attiré en volant des espèces de gargouilles zombies, jalouses de leur prédominance dans les airs, et qui sentaient son énergie vitale!
C'était bien par envie d'en découdre que nous évitâmes de rester là à nous moquer de notre camarade, digne Pierre Richard s'il en fallait.
Le combat démarra mal avec la capacité manifeste des gargouilles à amenuiser peu à peu le pouvoir de nos objets magiques jusqu'à destruction (en réalisant cela nous emîmes tous un bruit très distinct de contraction testiculaire, oui, oui, même Dinafaë) et le passage des sorcières dans le Plan Astral, plan duquel elles pouvaient manifestement nous frapper sans problème.
Bref, les choses semblaient particulièrement mal engagées... Je mis à exécution, en accord à l'unanimité avec moi-même, un plan pour voler le chaudron qui, je le pressentais, contenait les âmes de leurs victimes.
Je pensais ainsi les affaiblir... En fait je leur mis juste les nerfs.

Cela eut au moins le mérite de focaliser leur attention tandis que le paladin déployait une zone de sanctuaire autour de nous. Même moins efficace qu'à l'accoutumée sur ce plan maudit, elle nous permit de prendre, lentement mais sûrement, l'avantage. Au coeur de la bataille, nos automatismes (à défaut de nos plans) étaient rodés : Edwin, symbole vivant du bien dans son armure étincelante, subissait (sans quasiment aucun dommage) la plupart des assaut ennemis, tandis qe Dinafaë faisait fuir les gargouilles et que nous frappions les sorcières. Je pus à cette occasion encore me féliciter d'avoir rendu ma lame éthérée car ce fut là une qualité inestimable dans le combat! La victoire fut bientôt nôtre et les quelques créatures survivantes s'enfuirent en nous maudissant.
Nous avions finalement défait le mal qui rongeait la forêt et pouvions ainsi rendre la paix aux âmes du chaudron, torturées pendant des années.
A quelques mètres de la clairière nous découvrîmes les montures des sorcières en la présence de majestueux Cauchemars. Leurs crinières de feu, leurs regards mauvais me les rendaient beaucoup plus sympathiques que les montures célestes offertes par l'empereur des Terres Topazes! Simple question de classe...
Je négociai avec l'une de ces montures infernales sa liberté en échange de son aide ultérieure durant quelques années...
Il accepta, non sans m'avoir proposé de le chevaucher, ce qui m'aurait très probablement gravement brûlé... Je sentai que nous allions bien nous entendre! Je n'avais toutefois aucune certitude qu'il tiendrait parole... ce que je tournai en dérision en libérant tous ses congénères, sans contrepartie cette fois!

Nous sortîmes des bois sans autre mauvaise rencontre, et durant tout le chemin de retour je m'imaginais apparaissant à la Grande Bataille de Jehannum sur mon cheval de feu...
Faute de dragon, un Cauchemar m'irait très bien!

Aucun commentaire: