Faudra quand même
qu'on m'explique le concept "d'hospitalité orque" !
Mais je vais un peu
vite en besogne.
Revenons rapidement
en arrière, nous en étions resté à ces pauvres types qui nous suivaient et que
nous avons pris au dépourvu, ne parvenant toutefois à n'en capturer qu'un.
L'homme se montra
toutefois bavard et nous indiqua que le détenteur du Crâne possédait une
demeure dans un vallon situé à quelques lieues d'ici.
Un problème se
posait toutefois : le temps commençait à se faire court pour notre ami mage (de
son nom "Andaril" il me semble) et son teint ressemblait désormais à
de l'urine de phacochère diabétique, ce qui n'est en général pas très bon
signe.
Nous décidâmes d'un
commun accord de nous procurer des chevaux pour raccourcir les délais, ce qui
fut relativement aisé… mais onéreux, surtout pour Turuuk le Barbare et moi, vu
nos gabarits. En effet nous craignions que des montures classiques ne peinent
sous notre poids et optâmes donc pour de lourds destriers, qui pourraient de
plus fournir des quantités de viande un peu plus substantielles en cas de
pépin.
Une fois montés,
nous pouvions désormais nous lancer à la recherche de l'habitation en question.
Quelques heures
furent nécessaires pour retrouver le vallon, mais une fois ce dernier identifié
la maison dont on nous avait parlé était immanquable : une large baraque sur
deux étages ceinte par un haut mur de pierre, qui avait de plus le bon goût
d'être la seule des environs.
Nous laissâmes les
chevaux à distance pour approcher plus discrètement, à couvert des fourrés, et
cherchâmes en vain une autre issue que le lourd portail d'entrée. Il nous
fallait nous résigner, le mur de trois mètres de haut nous tenait en respect en
tant que groupe -félicitations aux maçons au passage !
Cependant, cela
restait jouable pour un individu seul, extrêmement agile de préférence… et
ainsi fut fait : notre monte-en-l'air de service parvint à escalader la
muraille, se faufiler près de la guérite d'entrée et en éliminer le garde sans
un bruit.
Pas mal, je dois le
reconnaître.
Il put ainsi nous
ouvrir la grille métallique, nous permettant d'arriver en groupe jusqu'à la
maison, apparemment sans nous faire repérer.
Un détail toutefois
déclenchait mon inquiétude : tous les volets de l'étage étaient intégralement
fermés.
En plein jour ? Cela
me semblait trop étrange pour être anodin, et ma petite griffe me disait qu'il
y avait une histoire de non-morts là-dessous, genre un vampire…
Je me félicitais de
mes renvois de morts-vivants disponibles, ils risquaient fort bien de servir.
Mais avant de penser
au contenu de la maison, il fallait tout d'abord pouvoir y pénétrer, et ce ne
fut pas la lourde porte de bois qui nous en empêcha… par contre elle nous
masqua le charmant comité d'accueil constitué de cinq hommes d'armes qui se rua
sur nous, permettant notamment à Kuruuk de montrer de quoi il était capable
hache en main.
C'est bien simple,
il en a foutu partout !
Un pied à gauche,
une tête à droite… J'espère que je trouverai une bonne lessive pour récupérer
les taches de sang qui ont éclaboussé mon tabard de-ci-delà, parce que déjà
qu'avec ma bobine certains paysans font une drôle de tête en me voyant, alors
si je débarque la gueule pleine de sang je sens comme une recrudescence
annoncée des dépressions nerveuses dans la région…
En tout cas bien les
gardes étaient bien le seul élément notable du rez-de-chaussée, par ailleurs
complètement dénué d'intérêt.
Toutefois, je me
préparai pour l'étage probablement grouillant d'une horde de vampires
sanguinaires que j'allais renvoyer ad patres…
Eh bah non. Pas âme
qui vive à l'étage, pas d'âme morte non plus par ailleurs. Les volets étaient
semblent-ils fermés comme… quand on part de chez soi pendant un certain temps,
en fait.
Mais non, je ne me
suis pas senti bête (hum, cette expression peut prêter à confusion dans mon
cas) du tout du tout !
Bon, au moins nous
avions trouvé quelques ouvrages dignes d'intérêt dans une bibliothèque…
Restait le sous-sol
où, pour tuer tout suspense, nous ne rencontrâmes pas non plus de goule, ni
zombie, ni même de mort-tout-à-fait-mort !
D'ailleurs il
ressemblait fort à une cave tout ce qu'il y a de plus ordinaire (c'est-à-dire
rempli de pinard, plutôt de bonne qualité d'après les collègues… je ne saurais
juger, mon régime alimentaire habituel comportant peu de produits venant de la
terre, fûssent-ils transformés… on est plutôt du genre carnivores dans la
famille ! Ceci dit, un bon verre de lait… hum, je m'égare) jusqu'à ce que notre
pickpocket ne détecte un passage secret, qui plus est piégé.
Ledit passage nous
mena jusqu'à une seconde pièce souterraine qui, elle, contenait… un certain
Crâne !
Twingo, comme on dit
à Boueville !!
Comme je
l'imaginais, il puait le mal à dix lieues, mais je ne pouvais le réduire en
miette à grands coups de hache sous peine de compromettre la vie d'Andaril,
aussi m'abstins-je. Devant son teint, proche désormais d'une huile d'olives
extra vierge frelatée, nous nous dépêchâmes de quitter les lieux pour ramener
la relique à notre charmant commanditaire, qu'un seul d'entre nous avait pour
l'instant rencontré.
Et c'est là qu'on se
marre. Non parce que vous et moi, déjà, si on doit demander un service, en
général, on a plutôt tendance à employer un "s'il vous plaît" ou un
sac d'or pour avoir gain de cause, plutôt que d'empoisonner (et donc compliquer
la tâche) du gars censé nous aider non ?
Eh bien, sachez que
ces méthodes, hum, comment dirais-je, "exotiques", se retrouvent
également lorsque la mission est réussie.
Ben oui, nous,
normal, on retrouve un objet magique super important pour un gars, alors, un
peu naïvement je vous l'accorde, on s'attend à un peu de pognon, ou au pire à
un vague "merci"… en tout cas ça me semble pas déconnant sur le
principe.
Eh bah non.
Vlà-t'y-pas qu'on nous encercle comme si on venait d'entrer dans un temple de
Heaum avec un tatouage anarchiste, qu'on nous pique nos armes, nous prend la
tête en nous prenant le Crâne (quel jeu de mot mes amis, Mumbasa lui-même doit
en frémir des moustaches !) et nous laisse finalement repartir vivant (mais
toujours sans arme) après négociations, comme si on nous faisait une faveur…
Parce que, je cite "le mage devait revenir seul".
Non mais ça va aller
ouais ! Z'ont ptet l'impression d'être le summum du cool, les Orques, mais ça
fait surtout le mariole en hyper supériorité numérique ouais ! J'ai beau être
du genre calme, j'avais une méchante envie de te me les satelliser à grands coups
de pieds au cul, et en sortant les griffes pour les petites féfesses du shaman
s'il vous plaît !
Victorieux mais
partiellement désarmée, notre petite troupe regagna Grand-BoueVille, avec pour
unique projet temporaire de dire tout le mal que nous pensions de la race
orque, et de racheter haches et autres épées en espérant avoir tantôt
l'occasion de leur caresser les gencives avec...
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