jeudi 9 décembre 2010

N’est pas John McClane qui veut…


Quand on est gosse, on rêve toujours d’incarner ce genre de héros qui traverse les emmerdes comme un passage piéton, en en ressortant sans une éraflure le petit sourire en coin et avec la réplique qui va bien s’il vous plaît.

Règle 28 des "50 trucs qui n'arrivent qu'au cinéma" : Un homme visé par 20 hommes a plus de chance de s'en sortir que 20 hommes visés par un seul.

Je suis fan.
Pour avoir essayé, je peux le dire : même avec des pouvoirs, on peut pas lutter avec John !

Tout avait commencé avec un énième appel de son pote le banquier à Ethan : un nouveau record de profondeur avait été atteint par son découvert et, plutôt que d’appeler le Guiness Book, il voulait plutôt envisager des solutions financières.

Ca me gavait un peu de paumer une aprèm à la banque (sur le coup Ethan m’a fait penser aux nanas, qui ont BESOIN d’être accompagnées pour aller aux toilettes…), mais puisque je devais sortir de toute façon pour feuilleter 2-3 revues, autant faire d’une pierre deux coups.

Arrivés sur place, Ethan me laissa l’attendre à l’extérieur tandis qu’il s’apprêtait à devoir mettre une hypothèque sur son slip. Mon buraliste préféré me lança un regard peu amène alors que je lui en rendis un qui signifiait « Eeeeeh ouais mon pote, je vais ENCORE passer trois plombes à bouquiner tes magazines… Et c’est pas encore cette fois-ci que j't’en achèterai un ! »

N’empêche que quand je parlais de « trois plombes », je pensais pas si bien dire… Bon sang qu’est-ce qu’il fichait Ethan ? Il était en train de se faire opérer pour vendre un rein ou quoi ?

Je levais la tête de plus en plus souvent pour surveiller la porte d’entrée de la banque quand je remarquai que tous les stores étaient fermés.
C’était comme ça avant ? Au plus j’y réfléchissais, au plus il me semblait que non… Et c’était quoi cette bagnole aux vitres fumées ? Je m’attendais presque à en voir sortir des mecs cagoulés dans le plus pur style des films d’action mettant en scène des super flics. John, c'est à toi là normalement !
Règle 46 : On peut toujours se garer en bas de l'immeuble où l'on veut aller.

Soudain j’entendis Ethan hurler « BORDEL MAIS HOWARD QU’EST-CE QUE TU FOUS ?
- Hey, mon pote, c’est plutôt à moi de te poser la question et... »

Je ne finis pas ma phrase. Je venais de me retourner pour lui répondre mais il n’était pas là… L’hallu totale, fallait que j’arrête de passer tout ce temps devant l’ordi, ça me tapait sur le système…
« LA BANQUE EST EN TRAIN DE SE FAIRE DEVALISER ET L’AUT’ BLAIREAU A RIEN CAPTE JE PARIE ! MEME PAS UN APPEL POUR SAVOIR SI TOUT VA BIEN… »

Wow. Ethan s’était, genre, directement branché sur mon esprit… Et il m’annonçait de sales nouvelles. Je tentai de lui répondre mais en vain : apparemment, il n’avait pris que l’option « émetteur ».
Je pris le parti de tenter de l’appeler mais sans plus de succès… Normal si ce que j’avais entendu était vrai. Mais peut-être le fait d’entendre son téléphone sonner suffirait-il pour le prévenir que je pouvais « l’entendre »… en avait-il seulement conscience ?

« J’Y CROIS PAS, TU M’ENTENDS ? SI OUI FAIS SONNER 3 FOIS ! »
Dommage que je n'eus pu lui répondre, je lui aurais expliqué qu’il n’était pas obligé de gueuler comme ça…
Je m’exécutai quand même. Dans la banque son tel devait s’exciter tout seul…

Sa réaction ne se fit pas attendre et il me réexpliqua la situation : 4 hommes armés et masqués avaient fait irruption dans la banque et tenaient les clients et l’ensemble du personnel en otages. L’un d’eux était descendu avec le directeur dans la salle des coffres…

Finalement, j’avais raison pour le braquage !

… Et donc probablement pour la voiture noire aussi…

J’échafaudai rapidement un plan d’action :
- j’ouvrais la porte selon un autre principe connu :
Règle 11 : Les gens à la télé ne finissent jamais leur verre.
Ils ne ferment jamais les portes de voiture à clef.

- je neutralisais le conducteur (avec ma résistance, je ne risquais pas grand-chose)
- je prenais sa place, mettais son masque et ensuite, quand ses petits camarades rejoindraient la voiture… surpriiiise !

Le plan me semblait aussi limpide que s’il avait été conçu par Hannibal Smith himself.

Alors que je fonçais vers la voiture, je me voyais déjà avec le cigare de la victoire…

Sauf que ça ne s’est pas passé exactement comme prévu.

Bon quand même, la porte était ouverte, et je n’eus aucun mal à prendre place sur le siège passager, sous les yeux ahuris du conducteur… qui, premier problème, ne portait pas de masque.
Bon, plan B :
- je l’assommais,
- ... et j’aviserais ensuite.
Ben en fait, assommer quelqu’un dans un espace réduit c’est pas si simple… en tout cas je manque clairement de pratique. Mon adversaire a même eu le temps de me tirer dessus, à bout portant. LA, pour le coup, j’étais content de pas être John McClane…
S’ensuivit des tentatives de part et d’autre de prendre l’avantage, mais nada...
Du coup le gars a décidé de démarrer…

Je suis pas trop fier de ce que j’ai fait à ce moment-là : profitant d’un instant de distraction de sa part je lui éclatai les roupettes en les broyant de la main droite…
J’ai vu sa face de pet passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel avant qu’il ne tombe carrément dans les pommes. La bagnole a fait une embardée que je suis parvenu à contrôler… prenant tant bien que mal le contrôle pour aller me garer quelques rues plus loin.
La surprise : c’était mort, la discrétion : pareil.

En fouillant dans le coffre j’ai trouvé du matos, notamment une cagoule, un grand imper et quelques attaches qui m’ont permis de le ligoter.

Revenant sur mes pas je constatai un attroupement devant la banque ainsi que la présence de deux voitures de flics. Sale temps. Gagnant la ruelle je reçus un nouveau message de la station Ethan FM, 95.4 : « J’AI UN PLAN, BESOIN DE QUELQUES MINUTES POUR ME METTRE EN PLACE. TU PEUX RAPPLIQUER ?»
Je lui signifiai que oui, enfin, en théorie… Seul moyen d’accéder au bâtiment : par le toit, ce qui promettait une belle escalade.
J’enfilai la cagoule avant de me lancer dans une nouvelle imitation, cette fois de Stallone dans Cliffhanger.

Là encore, imitation ratée, je manquai mon appel et ratai le tuyau qui devait me permettre de grimper… Mais je fis bien mieux. En dérapant ma main toucha le mur et y resta carrément scotchée, mieux que dans la pub SuperGlu 3 !
A vrai dire chaque partie de mon corps (enfin pour celles que j’ai testées quoi…) pouvait adhérer à la paroi !
Dans ces conditions Spidermanesques, forcément, l’ascension fut plus facile…

La porte du toit n’était pas verrouillée et je décidai pour descendre d’utiliser un autre cliché des films…
Règle 7 : Le système de ventilation de n'importe quel bâtiment est le parfait endroit pour se cacher. Là, personne ne pensera à vous trouver et en plus vous pourrez accéder à toutes les pièces de l'édifice sans aucun problème.

Il s’est vérifié. Alors que mentalement Ethan me prévenait qu’il allait passer à l’action, je fus rapidement en mesure de descendre tous les étages et de me positionner en attente au dessus d’un des malfaiteurs. Lentement, je retirai la grille d’aération, attendant le signal de mon pote télépathe.

« GO !!! »
Gros rush d’adrénaline, je me sens comme au départ d’un 100m olympique.
"Couloir 4, Howard Wolowitz, 1,65m, 53 kgs la semaine dernière… Meilleur temps au 100m : hum, quelques minutes ?"
Faut que je réagisse vite, très vite.
Wow. Ca marche bien. Ca marche méga bien même. Ca… ?
Je bloque en constatant que le braqueur me semble désespérément lent alors que je jaillis de la bouche d’aération pour me jeter sur lui. Il se retourne comme au ralenti…
Une minute. Une des vis de la grille m’a suivi dans mon assaut. Et elle aussi tombe… à deux à l’heure. Ce serait moi qui vais si vite que ça ?
Lorsque mes pieds heurtent le flanc du mec, ça donne la même impression que s’il venait de se manger une voiture en pleine course. Il est littéralement projeté (projeté, mais lentement, enfin de mon point de vue… trop space) contre le mur de placo qu’il défonce avant de s’effondrer, rétamé pour le compte.

Encore un pouvoir ! Gavage !

Derrière un des bureaux j’entends un bruit de lutte, je m’approche et jette un œil… Pour découvrir Ethan en train de réviser ses katas avec un autre braqueur. Un troisième est étendu sur le sol, inerte. Tiens, ça me rappelle…
Règle 32 : Ne vous tracassez pas si vous êtes en nette infériorité numérique dans un combat d'arts martiaux :
vos ennemis attendent patiemment de vous attaquer un à un, en dansant d'une manière menaçante autour de vous, jusqu'à ce que leur prédécesseur soit au sol.


Si je me souviens bien, il en reste un, au sous-sol. Je fonce (c’est le cas de le dire) en bas des escaliers pour trouver le directeur inanimé.
Le dernier gars est en train de chercher quelque chose de bien précis, à en croire les coffres ouverts ça et là.
Je ne prends pas le temps de demander quoi : d’accord je cogne, ensuite, peut-être, on causera… Une petite mandale situe tout de suite un peu mieux le débat. Mon… (mince, comment on pourrait appeler ça… Bon pour l’instant on va se contenter de ‘Fulguropoing’ en hommage à Yūfō Robo Gurendaizā, Goldorak pour les profanes… ) mon Fulguropoing donc l’envoie valdinguer dans le mur.
Il se retourne vers moi, prêt à en découdre, bien que surpris…

Il paraît que les super-héros sont censés laisser une chance aux « vilains » de se rendre. Je trouve ça con, mais soit, sait-on jamais.
Je lui explique sans me démonter que tous ses p’tits camarades sont HS et que ça sent mauvais pour lui, et que s’il ne fait pas de problème ça se passera mieux pour lui… On sent son envie de lutter, que ce soit par fierté ou pour sa liberté, mais je crois que le fait d’avoir été amoché par une crevette masquée le déstabilise.
Je m’approche de lui pour le ligoter, prêt à réagir en cas de mauvais coup. Ca doit méchamment lui traverser l’esprit, mais il n’en fait rien finalement.

Mon premier casse de banque empêché, chuis z'ému…
Je réveille le directeur avec une petite claquounette et profite du fait qu’il est encore dans les vapes pour remonter.
Au rez-de-chaussée, Ethan a fini par maîtriser son adversaire. Faudra qu’il m’apprenne un de ces quatre.
En attendant les hauts parleurs de la police se font entendre, demandant aux braqueurs de se rendre. Merci la cavalerie…

En tout cas je ne tiens pas à devoir expliquer à mes parents comment j’ai pu arrêter des criminels avec mon pote de fac. Je vérifie qu’Ethan a la situation en main avant de repartir par l’aération. Pratique quand même…

Sur le toit je constate qu’ils ont déployé un dispositif digne d’une attaque terroriste. J’espère que les as de la gâchette des forces spéciales ne vont pas descendre d’innocent par mégarde, mais à ce stade j’ai fini ma partie. Je file.

Le lendemain, la presse locale n’a qu’une Une : « Un jeune étudiant empêche un braquage ». Sacré Ethan, t’es une star !

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