samedi 8 août 2009

Gueule de bois...

(- Deren -)
Le froid.

Un froid humide et glaçant me sort peu à peu d'un joli rêve où j'étais couvert d'or de la tête aux pieds.
Cette fichue auberge est vraiment ouverte à tous les vents! D'un autre côté, vu le prix que j'ai payé (et dûment négocié), je ne pouvais m'attendre à un palace...

J'ouvre les yeux, interrompant tout à fait ma transe méditative.
Quelque chose ne tourne pas rond.

Je suis à l'extérieur. Difficile de dire où exactement vu la purée de pois qui m'entoure et que même mes yeux elfiques peinent à percer, mais en tout cas bien loin de l'auberge, j'en suis persuadé. Je me redresse pour mieux voir. Mon équipement est là, au complet, à mes côtés. Encore plus étrange! Je suis contre une massive pierre dressée au milieu de ce qui me semble être une clairière (pour autant que je puisse en juger). Non loin, d'autres pierres semblables, et au pied de certaines d'entre elles, des formes apparemment humanoïdes et assoupies.
Finissant mon inspection visuelle je remarque que certaines ne dorment déjà plus et me dévisagent d'un air peu amène. J'ai l'habitude de ce genre de regards, suspicieux dans le meilleur des cas, haineux le plus souvent.
Les gens de ma race ne sont pas très bien vus à la surface. Et à vrai dire, il y a de quoi. Je ne porte d'ailleurs pas les miens dans mon coeur non plus.
Je me saisis discrètement de la dague qui ne me quitte jamais (et qui d'ailleurs m'a maintes fois sauvé la vie).
L'Homme qui me fait face ne manifeste pourtant pas d'intention hostile, il semble à vrai dire aussi déconcerté que moi. A sa tunique écarlate, il s'agit très probablement d'un mage. Un mage qui aurait vu un feu de trop près, au vu du côté droit de son visage qui porte des marques très reconnaissables de brûlures.

Tous semblent éveillés désormais. Nous sommes six en tout. Sans les quitter des yeux et le dos à la pierre, je revêts ma tenue de cuir sombre.
Deux des autres (une homme et une femme, manifestement apparentés) mettent bien plus de temps à enfiler leur lourde armure de métal. Je ne peux m'empêcher de grimacer lorsque je vois leurs blasons: aucun doute possible, des paladins de l'ordre D'Umbel. Le genre d'extrêmistes qui m'embrocheraient rien que de par ma nature de drow; ils auront droit à une attention toute particulière de ma part. Certains au contraire ont un notion de l'habillement autrement plus minimaliste. Une espèce de montagne de muscles aux dents saillantes et au regard vide semble n'avoir pour équipement, en dehors d'une culotte de peau (que je ne préfère pas chercher à identifier) qu'une énorme double hache et, non loin, un Homme chauve et couvert de tatouage semble lui aussi décider à rester torse nu.

Les Paladins commencent à observer les pierres, sans toutefois cesser de jeter des regards appuyés dans ma direction. A cette distance, j'entends tout ce qu'ils disent et certaines choses concernent mon avenir à court terme, un avenir déplaisant au possible. Qu'ils viennent... j'imagine déjà ma lame glissant sur leurs jolies gorges blanches. Leur sang ruissellant égaierait un peu leur attirail dont la blancheur m'hypnotise presque.
Leur centre d'intérêt change soudain: la fille a trouvé une forme gravée dans la pierre. Elle dit connaître cette forme, bien que celle-ci soit en grande partie effacée. Une tache de naissance? Tsss. On voit ce qu'on veut dans les reliefs de ce genre. Comme dans les nuages... Elle regarde tour à tour sa main et la pierre, incrédule. Son compagnon se met à courir autour des pierres, s'arrêtant bientôt, bouche bée.
Les autres personnes présentes semblent mal à l'aise. Toutes examinent un endroit précis de leur corps... Se pourrait-il que?

Peu convaincu, je me mets à mon tour à chercher des "symboles", un en particulier... Je ne trouve rien. Je n'ai pas cherché très fort à vrai dire. Je m'assieds au pied d'un de ces blocs de granite, un sourire aux lèvres en songeant à ces imbéciles qui verraient des symboles dans une déjection d'âne. Sourire qui se fiche presque aussitôt...
Face à moi, une forme presque invisible mais que je reconnaitrais entre mille: un fléau d'armes. Aucune confusion n'est possible lorsqu'on discerne (même avec difficulté) les trois chaines prolongeant en corolle un long manche, et terminées par de larges sphères hérissées de pointes. Lentement j'ouvre la main et regarde ma paume...
Mais qu'est-ce c'est que ce délire?

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